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La Turquie tiraillée entre Europe et Russie

  • Photo du rédacteur: Kévin Saigault
    Kévin Saigault
  • 10 févr. 2015
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 31 mars 2021

Souhaitant intégrer l’Union Européenne depuis maintenant quinze ans, la Turquie resserre également ses liens avec la Russie. Piégée entre les deux puissances régionales, elle avance ses pions tant bien que mal.


Véritable carrefour des civilisations, la Turquie est le point de passage obligatoire entre l’Europe et l’Asie. Bâtie sur les ruines de l’Empire Ottoman, elle aspire aujourd’hui à retrouver son influence d’antan. Désirant adhérer à l’Union Européenne mais dépendante énergétiquement du grand voisin Russe, elle semble condamnée à choisir un allié, et un seul. Une impasse qui complique le retour sur la scène internationale de ce pays de près de 75 millions d’habitants. Le président Turc, Recep Tayyip Erdogan, a d’ailleurs averti, le 24 janvier, que la Turquie choisirait sa propre voie si elle n’est pas acceptée en Europe.


L’adhésion à l’UE compromise ?


Cela fait maintenant quinze ans que l’Union Européenne a accepté d’examiner la demande d’adhésion de la Turquie. Si de nombreux accords commerciaux se sont depuis développés, une adhésion ne semble toujours pas à l’ordre du jour. En cause : les élans jugés autoritaires et antidémocratiques du président turc. De plus, les revendications territoriales de la Turquie sur Chypre et la question Kurde continuent de la maintenir à l’écart. « Il y a une reculade dans la possibilité d’une adhésion turque, explique Louis Cariot, spécialiste des institutions européennes. La gouvernance de l’Union Européenne est née de l’équilibre des pouvoirs, tandis qu’en Turquie, le pouvoir est centralisé. Cela pose problème. »


La Turquie, dépendante de l’énergie russe ?


La Turquie dépend en grande partie de la Russie. Environ 60% de son gaz naturel en est importé. Celle-ci est également son second partenaire commercial, derrière l’Allemagne. Par ailleurs, les Turcs ont confié aux Russes la construction de leur première centrale nucléaire (Akkuyu), dont le chantier devrait débuter cette année. « Les deux pays entretiennent des liens économiques très forts, souligne Jean Marcou, directeur des relations internationales à Sciences-po Grenoble. Mais la Turquie recherche aujourd’hui d’autres fournisseurs gaziers en Iran, en Azerbaïdjan et au Turkménistan, et tente, par ses propres moyens, de produire plus d’énergie. »


Aussi, les Russes ont déclaré mercredi que, du fait de la crise ukrainienne, le gaz à destination de l’Europe transitera désormais exclusivement par un gazoduc passant par la Turquie. « Celle-ci pourra ainsi poser ses conditions pour que l’Europe ait accès au gaz d’origine russe et devient, par la même occasion, un partenaire de la Russie pour faire pression sur l’Union Européenne », estime Louis Cariot.


La Turquie et la Russie, grandes rejetées de l’UE ?


Les deux pays partagent une méfiance historique envers l’Europe, et plus largement l’Occident, expliquant en partie les difficultés d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. « Il y a une symbiose entre leurs régimes, un même style autoritaire et une nostalgie du temps passé similaire, qui date de la fin de l’Empire ottoman et de l’URSS, analyse Bayram Balci, spécialiste de la Turquie et chercheur au CERI. Ils se méfient aussi des ingérences occidentales au Moyen-Orient. » Pour autant, selon Jean Marcou, « cela est loin de les conduire à une alliance véritable ».


Des zones d’ombre à l’horizon ?


Ainsi, le conflit syrien sème la discorde dans les relations turco-russes. Si les premiers soutiennent l’opposition syrienne, et sont même soupçonnés d’y avoir délibérément laissé passer des combattants djihadistes, les seconds appuient, eux, fermement le régime de Bachar Al-Assad. « La crise ukrainienne inquiète aussi la Turquie car les Tatars, un peuple d’origine turque et musulman, seraient victimes d’exactions en Crimée, affirme Jean Marcou. En dépit d’intérêts économiques communs, les questions stratégiques sont trop importantes sur le long terme pour qu’ils puissent établir une vision durablement commune. Un regain de défiance s’instaure entre eux. »


Poussée à l’écart de l’Union Européenne et souhaitant acquérir son indépendance vis-à-vis de la Russie, la Turquie recherche aujourd’hui d’autres alternatives. Elle semble désormais se réorienter vers l’est, et notamment vers le Moyen-Orient, l’Iran et la Chine.

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