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"Du Bronx aux rues arabes", Ode au Hip-Hop

  • Photo du rédacteur: Kévin Saigault
    Kévin Saigault
  • 19 mai 2015
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 31 mars 2021

Du 28 avril au 26 juillet, l’Institut du monde arabe ouvre ses portes à la culture Hip-Hop. L’exposition "Hip-Hop, du Bronx aux rues arabes", dont le commissaire artistique n’est autre que le rappeur marseillais Akhenaton, revient sur les racines et l’émergence du hip-hop jusqu’au rôle joué par le mouvement lors des "printemps arabes".


Même ceux qui n’apprécient pas le Hip-Hop pourront se réjouir en visitant l’exposition "Hip-Hop, du Bronx aux rues arabes", à l’Institut du monde arabe, tant cette culture recouvre l’histoire des quarante dernières années. L’exposition, qui nous emmène en immersion, offre un regard nouveau sur ce mouvement plutôt méconnu, et notamment sur son apparition dans les pays arabes. Inventé en 1973 lors d’une fête du South Bronx, à New-York, le hip-hop s'est, plus récemment, érigé en haut-parleur pour toute une génération lors des révoltes du "printemps arabe".


De la rue à la consécration


Le côté contestataire et révolté, propre aux origines du hip-hop, est fortement mis en avant dès le début de l’exposition. Cette dernière retrace l’ascension du hip-hop dans les quartiers américains, ses racines, ses combats. Autant le dire tout de suite, le seul bémol de l’exposition est qu’elle n’est pas assez grande.


En revanche, la diversité du public est étonnante. "C’est extraordinaire ! Regardes comment ils font ça", s’exclament deux grands-mères, scotchées devant une vidéo expliquant comment les rappeurs élargissaient leurs lacets avec un fer à repasser pour suivre la mode de l’époque. Et si l’exposition semble plaire à tout le monde, ce n’est pas dû au hasard. Jack Lang n’a jamais caché son attachement à cette culture. "C’est l’aboutissement d’un combat de trente ans pour la reconnaissance du Hip-Hop", confiait ainsi le président de l’Institut du monde arabe lors de l’inauguration.


Des ghettos américains aux camps de réfugiés palestiniens


Rarement évoqués, l’exposition revient également sur les liens entre le hip-hop et l’islam, dans l’Amérique des années 70 à 90. On y apprend que ces liens remontent, en réalité, aux années 1940, quand les musiciens de jazz et de be-hop, en même temps qu’ils se politisent, se convertissent. Le hip-hop a ensuite gardé trace de cette influence. Ainsi, à l’image d’Afrika Bambaataa ou d’Ice Cube, de nombreux rappeurs ont mélangé la culture urbaine des quartiers et la culture musulmane dans leur art. D’ailleurs, les lois de l’Universal Zulu Nation, une organisation internationale basée sur les valeurs du Hip-Hop et fondée par Afrika Bambaata, indiquent que ses membres doivent se saluer en utilisant des expressions telles que “peace akhi” (akhi signifiant frère en arabe) ou “peace Malika”.


Mais là où l’exposition apporte sa singularité, c’est quand elle expose le rôle joué par le hip-hop dans les pays arabes. DJ Abdel, un artiste franco-marocain décédé en 2011, a ainsi largement contribué à l’émergence de la scène arabe au Maghreb. La télévision et la diaspora arabe ont fait le reste. Une grande carte du monde, installée dans une des salles de l’exposition, permet d’illustrer ce cheminement vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Le hip-hop débarque ainsi au Maroc à la fin des années 80, alors qu’une ouverture médiatique s’opère dans le pays et que les opposants politiques refont surface. En Algérie, le hip-hop arrive en pleine période de terrorisme, au début des années 80. Il faudra attendre les années 2000 pour la Tunisie. Le rap y fait son entrée grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Comme en Lybie, en Egypte ou au Soudan, il est parfois victime de la répression des régimes en place car trop contestataire. Enfin, en Palestine, le hip-hop s’inspire de Tupac et de Che Guevara, comme lorsque le groupe DAM scande "qui est le terroriste ?" face à l’occupation israélienne. Le groupe traite également des problèmes liés à la drogue et à la violence dans leur ville.


Le rap fait finalement une sorte de constat de la société dans laquelle il évolue. A ce titre, NTM parlaient même de « constat d’urgence ». Pendant les “printemps arabes”, de nombreux jeunes se sont exprimés à travers cette musique pour défier l’autorité. En décembre 2010, Hamada Ben Amor, plus connu sous le nom de El General, est arrêté, deux jours après la sortie de sa chanson Tunes Bledna, par la police tunisienne. Connu pour ses paroles militantes et hostiles au régime de Ben Ali, il sera finalement libéré trois jours plus tard sous la pression des premières manifestations contre le régime.


Rien d’étonnant donc au fait d’entendre aujourd’hui la voix des rappeurs américains s’élever contre la mort, suite à son arrestation, d’un jeune noir à Baltimore.



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